Avec,
Sanja Marusic / Association Entourage
Juliette Andréa Elie / Fondation Avril
Jennifer Dewavrin / Rose Up
Floriane de Lassée / Fondation RAJA
SANJA MARUSIC
Dans cette série, je photographie deux personnes à la fois : deux individus qui, d'une manière ou d'une autre, s'aident mutuellement. Parfois, l'aide est tangible - tenir une main, offrir un soutien, guider. D'autres fois, elle se trouve dans un regard, une posture, un geste. Ce qu'ils partagent n'est pas seulement l'acte d'aider, mais un moment de connexion.
Grâce aux poses, à la composition et à la post-édition, je fais en sorte que ces paires se ressemblent. Non pas pour nier leurs différences, mais pour souligner ce qu'ils ont en commun. Dans cette image miroir se trouve quelque chose d'universel : nous comptons tous les uns sur les autres, à notre manière, à notre moment.
Ces photographies ne parlent pas seulement de celui qui donne de l'aide, mais aussi de celui qui la reçoit - et de la ligne subtile, souvent invisible, qui sépare les deux.
JULIETTE-ANDRÉA ÉLIE
Les mains qui obliquent - 10 stories rooted in the living soil
J’ai récolté les feuilles de Teck, les fleurs comestibles. Teinté les papiers.
Et les images ont bu
Des lieux et des liens.
J’ai gratté la lumière
Mains graines poils écailles humus laine
Ça se tisse - ça s’entremêle
Peut-on recommencer ? cultiver sans oublier sans répéter
superposer - dévoiler - coller - décaler - explorer
Les brebis à tête noire - mémoire du Quercy.
Dans les pupilles rectangulaires on voit
Le gardien qui veille tard.
L’effervescence colorée des pensées
Et la délicatesse de la main scrute dans le brouillard
Les herbes poivrées d’Hyères
Le retour des carpes cartographes des étangs à venir
Cueillir ensemble - laisser les petits pieds fouler la terre
Une motte dans la main - Manier couteau sur carotte
Mieux se nourrir demain.
Récoltes solidaires - Glanons les fraises boudées
Par les canons de beauté.
Des mains pleines en ventre creux
La terre aime à nourrir les démunis.
Chercher dans le monde nouveau
Comment se mouvoir - circuler de culture en culture
Sans épuiser les corps
Sous l’arbre, au creux du Togo
Etre cueillie par la danse paysanne
De joie - soeurs - de labeur
Elles chantent
l’alliance des graines anciennes.
Chaleur, sueurs, en choeurs.
Marcher, broyer, là-bas au vieux moulin.
Transformer la matière - la mettre en sachet.
Pour vendre un peu au marché.
La vie est fragile. Il faut l’entourer, se tenir ensemble.
Les éclats de rire paraissent invincibles
sous la paupière fatiguée.
Car tous les gardien.nes de la terre
dorment les yeux grands ouverts. Juliette-Andréa Elie, juillet 2025
PS : Remerciements à l’équipe de la Fondation Avril et à l’association Le Tour du Monde pour leur confiance. À Louis Alcaïdé pour son aide à la prise de vue (projets Carpmina et Solaal). À Saher Williamson pour sa présence précieuse au Togo. Une pensée émue pour Bimata et Ablavi, deux des paysannes togolaises, pour la générosité et l’énergie magnétique.
JENNIFER DEWAVRIN
”Mon travail et projet de vie en tant que créatrice et artiste consiste à honorer et accompagner à nous relier sans cesse au mouvement de la vie. Lors des séances photos, j’ai vu et ressenti une beauté pure et sans limite, une vulnérabilité très intime, un état de grâce que j’avais touché lorsque j’étais enfant. Le résultat photographique, bien qu’assez réussi à mon goût, n’était néanmoins pas à la hauteur de mon ressenti. J’ai eu le besoin de « pousser » la création plus loin et de laisser mon corps me guider pour exprimer grâce aux fils d’or représentants la lumière, à l’encre représentant l’ancrage dans la matière et mener au bout la vision que j’ai eu en photographiant le sujet.”
FLORIANE DE LASSÉE
A l’occasion des 10 ans du programme "Femmes & Environnement", un travail photographique a été réalisé au sein d’associations soutenues dans le cadre du programme « Femmes et environnement » de la Fondation RAJA-Danièle Marcovici. Cette résidence artistique conduite par la photographe Floriane de Lassée a été réalisée auprès de 6 projets associatifs dans 4 pays.
Ce programme soutient financièrement des projets valorisant l’action des femmes dans la protection de l’environnement, la biodiversité et l’adaptation aux changements climatiques : agriculture durable, accès à l’énergie, gestion des ressources et des déchets, entrepreneuriat vert. Depuis son lancement, plus de 4,3 millions d’euros ont permis de financer 161 projets dans 39 pays.
Sanja Marušić (1991) est une artiste néerlando-croate basée à Amsterdam. Elle a étudié la photographie à l'Académie royale des arts de La Haye (KABK) et a obtenu son diplôme avec mention en 2013.
Depuis, Marušić voyage beaucoup pour créer des images d'un autre monde. Sa technique provient de la photographie avec un glissement vers la peinture et les techniques de collage, résultant dans l'art des médias mixtes. Grâce à la photographie, elle capture des performances miniatures dans lesquelles une figure humaine (souvent Marušić elle-même dans ses propres costumes), parfois accompagnée d'une autre personne, se déplace mystérieusement dans un paysage surréaliste. Les histoires qu'elle crée sont souvent issues de sa vie personnelle. Elle manipule ses images, rendant le paysage et le moment lui-même plus abstraits, donnant naissance à un nouveau monde. Elle utilise ce monde surréaliste comme une forme d'évasion pour elle-même et pour le spectateur.
L'art populaire et l'art naïf sont des sources d'inspiration importantes pour Sanja. Le caractère distinctif et l'authenticité inhérents aux mondes uniques créés dans ces formes d'art alimentent constamment son processus créatif, influençant des aspects tels que la composition, la palette de couleurs et l'intuition. Le mélange complexe d'identité culturelle, de simplicité, d'artisanat et de créativité débridée que l'on trouve dans ces traditions suscite une étincelle créative chez Sanja, la guidant dans l'interaction harmonieuse de la composition, des teintes vibrantes et d'une approche intuitive de son travail.
Née en 1985 en France, Juliette-Andréa Élie est diplômée de l’ESBANM (Nantes) et de la Concordia University (Montreal). Après avoir vécu au Brésil plusieurs années, elle travaille dans un atelier logement mis à disposition de la Drac, à Auvers sur Oise. Plasticienne, Juliette-Andréa Elie déploie un univers entre photographie et dessin, questionnant la difficile représentation du paysage contemporain, du territoire comme croisement des émotions du Vivant. Ses images-objets sculptées à la pointe sèche sont le fruit de superpositions de tirages photographiques sur des papiers translucides, des miroirs, ou se dévoilent sur de l’organza
Son travail a fait l’objet d’acquisitions publiques, dont la Bibliothèque Nationale de France en 2023, suite à l’exposition «Epreuves de la matière, la photographie contemporaines et ses métamorphoses». Ses œuvres ont été également exposées dans différentes foires ces dernières années comme Approche Paris -invitée par Emilia Genuardi en 2024, Photo Brussels, Paris Photo, Sao Paulo Photo et l’Aipad New-York depuis 2016. La ville de Paris a présenté sa série Fire)(scapes lors de No(s) Futur(s), une exposition de trois lauréates du Mentorat des Filles de la Photo, à la Tour Saint Jacques. En 2025, la photographe est lauréate de la bourse Ronan Guillou, une recherche menée avec des scientifiques sur les problématiques entre l’humain et la mer.
L’année dernière, l’historien de la photographie Michel Poivert a intégré la pratique de Juliette-Andréa Elie dans son essai « Contre culture dans la photographie contemporaine », aux éditions Textuel. Actuellement, elle mène une commande photographique de la biennale Photoclimat, qui documente des projets innovants en agriculture soutenus par la Fondation Avril, entre la France et le Togo.
Jennifer Dewavrin “Depuis que je suis toute petite, je danse. Ma grand-mère mettait de la musique et m’accompagnait à lâcher, à danser la vibration du son, le ressenti que mon corps exprimait au moment où je dansais. La danse me menait à un état de grâce et de liberté totale. En tant qu’artiste, j’ai à cœur d’accompagner et de transmettre ce besoin fondamental d’honorer le mouvement de la vie et la beauté qui en émane.”
Floriane de Lassée, photographe et artiste plasticienne française de 45 ans, est diplômée de l’école parisienne d’arts graphiques Penninghen (2000) et de l’International Center of Photography de New York (2003).
Son travail photographique repose essentiellement sur la mise en scène, pour traiter de la place de la femme dans les grandes thématiques de société (solitude urbaine, procréation, inégalités professionnelles, violences conjugales, personnalités inspirantes...).